Blog « Traces et Mémoire »

Bienvenue sur les carnets d'histoire du Luxembourg belge !
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Sur les traces de la Bataille des Ardennes en jeep

5
Fév
2019

Par 5 février 2019 Catégories 2ème Guerre mondiale, Visite guidée Pas de commentaires

Bataille des Ardennes

Ce 16 décembre 2018, la bataille des Ardennes a fêté son triste 74ème anniversaire !

Malgré le temps qui passe et la disparition de derniers témoins, l’engouement pour la mémoire de l’événement et des victimes ne s’affaiblit pas. Preuve en est les musées relatant la bataille, les commémorations toujours aussi nombreuses en cette fin d’année et les circuits touristiques.

Au travers de nos articles de blog, (re)découvrez les personnalités qui travaillent à maintenir cette mémoire intacte afin que plus jamais nous ne vivions de pareille horreur.

D’ailleurs, c’est au volant d’une Willys MB, la célèbre jeep américaine, que nous commençons notre voyage à travers la province et ses vestiges de la bataille.

© FTLB/ A. Segers

Cet article provient de la revue Regards d’Ardenne (n°22 été-automne), disponible gratuitement sur ce lien : https://bit.ly/2A7Ssqo

 

Sur les traces de la Bataille de Bastogne en Willys MB

Partons en Jeep à la découverte de quelques sites et monuments dédiés aux combattants de cette bataille mythique qui symbolise toujours aujourd’hui, dans de nombreux pays européens comme aux Etats-Unis, la victoire du bien contre le mal, l’esprit de résistance et la bravoure.

© FTLB/ A. Segers

Trois mois après la libération de la Belgique en septembre 1944, Hitler décide de mener une contre-offensive en Ardenne comme lors de l’invasion réussie de mai 40. Le 16 décembre à 5h 30, il lance ses dernières forces sur une ligne de front de 125 km allant de Montjoie à Echternach. Son plan est appelé « brouillard d’automne ».

Pour plonger dans l’histoire de ce glacial hiver 44 et partir à la découverte de la bataille du périmètre de Bastogne, nous avons rendez-vous avec Paul van Daele, propriétaire d’une Jeep Willys. Coup de chance, le soleil nous accompagne dans cette trépidante aventure. Faut-il le rappeler, les conditions atmosphériques étaient bien moins agréables pour les soldats qui ont eu à subir un froid intense (jusque -20 degrés), la neige, la glace et la brume.

Paul, notre guide, préside l’ASBL « Ardennes-White Star-US Army » qui a pour principal objectif : la transmission de l’histoire aux nouvelles générations.

Nous prenons le départ Place Mc Auliffe, à proximité de la Maison du tourisme. Des touristes s’approchent déjà et les questions fusent autour du véhicule d’époque. Paul nous explique : « Cette Willys MB de 1943 est construite par les usines Ford, c’est l’ancêtre des 4 x 4 d’aujourd’hui. Ce véhicule léger et minimaliste est conçu pour évoluer sur tous les types de terrain. La Willys est mise à l’épreuve dans le Colorado pour évaluer sa résistance à des conditions climatiques comparables à l’Ardenne. Sa parfaite mobilité lui permettait d’emmener rapidement les officiers sur les champs de bataille, comme aussi les services de reconnaissance ou la Croix rouge, la police militaire, les reporters de guerre. Elle servait aussi servir à ravitailler les troupes en combustibles, vivres ou munitions déposées dans une remorque qui se fixait à l’arrière ».

© FTLB/ A. Segers

  • Sur la place qui porte son nom depuis 1947, se dresse le buste d’Anthony Clément McAuliffe, célèbre commandant de la 101e division aéroportée « Screaming Eagles » qui fut encerclée par les troupes allemandes le 21 décembre 44. Aux émissaires allemands venus lui porter un message qui l’appelle à se rendre, McAulffe réplique. « NUTS ! Surrender ? Nuts ». Un gros mot qui fera le tour de la planète. « En l’absence de son supérieur le général Taylor retenu à Washington, MCAuliffe doit prendre le commandement des parachutistes qui résistent dans la ville assiégée. Cet  » épisode » sera directement rapporté  par les correspondants des plus grands journaux et radios d’alors. Après la guerre, McAuliffe reviendra à Bastogne en juillet 1950 pour inaugurer le Mardasson aux côtés du roi Baudouin et de son supérieur le général Maxwell Taylor. L’œuvre en bronze est conçue par la sœur de l’ambassadeur de Belgique aux USA, Melle Sylvercruys.

Place McAuliffe – Bastogne

  • Un tank américain Sherman M4A3 75 est posé à droite du buste. Ce char restauré en 2006 appartenait au 41st Tank Battalion envoyé à Bastogne pour enrayer l’offensive allemande. Cette unité part du Contentin et traverse la France pour se battre en Ardenne sous le commandement du général Patton. Barracuda, c’est le nom du char, est pris au piège d’un bataillon de char allemand dans le village d’Hubermont.

© FTLB/ P. Willems

  • Une borne de la voie de la liberté est placée devant le tank. Ces bornes furent implantées tout le long de la route suivie par les troupes américaines depuis la Normandie et jusque Bastogne, soit 1.146 km. La dernière est inaugurée en 1947 devant le mémorial du Mardasson.  En relief, une torche surgit des flots. Elle fait référence au flambeau de la statue de la liberté. Les couleurs sont celles du drapeau américain. Les 48 étoiles représentent les 48 Etats qui composaient l’Union.

© FTLB/ P. Willems

1. Sainlez : découvrez notre article sur Sainlez et la Bataille des Ardennes en cliquant ici !

2. Remoifosse

De Sainlez, nous revenons vers Bastogne en passant par Losange, Lutrebois, Remoifosse (2. carte)  où se trouve encore la ferme Kessler. C’est de là que partent les estafettes allemandes
pour Bastogne, dans le but d’obtenir la reddition du général McAuliffe. Ce dernier a installé son QG dans la cave de la caserne Heintz (Bastogne Barracks aujourd’hui). Lutremange, Lutrebois, Villers-la-Bonne-Eau seront anéantis par des bombardements incessants.

© FTLB/ A. Segers

Pas moins de 20.000 obus sont largués dans cette zone dénommée : le triangle de la désolation.

3. Mardasson

Le Mardasson, mémorial en étoile, emblème des Etats-Unis, est installé sur une colline humide et fangeuse à 520 mètres d’altitude (3 carte) . « Il s’agirait d’un des points ultimes qu’auraient atteints les troupes allemandes ». Une terrasse aménagée à son sommet (12 mètres) offre une vue panoramique de 20 à 30 km à la ronde. Des tables d’orientation aident à visualiser une partie des combats.

Ce monument érigé à partir de 1946 et inauguré en 1950 rend hommage aux soldats américains comme le mentionne en latin une dalle posée au centre d’une galerie circulaire : “Liberatoribus Americanis populus Belgicus Memor” (A ses libérateurs américains, le peuple belge qui se souvient). Sur les parois intérieures de cette galerie-atrium, le récit de la Bataille des Ardennes est gravé en lettres d’or.

La Bataille des Ardennes va coûter à l’armée américaine, un dixième de toutes leurs pertes militaires durant la seconde guerre mondiale : 11.000 tués, 46.170 blessés et près de 21.000 disparus. Côté allemand, 13.000 tués, 39.000 blessés et 30.000 disparus.

© FTLB/ P. Willems

© Bastogne War Museum

Découvrir en vrai

Le Mardasson est le projet architectural du Liégeois Georges Dedoyard, grand amateur d’art, qui va également “imposer” l’artiste cubiste normand, Fernand Léger, pour orner la crypte en face. À l’intérieur, trois niches décorées de mosaïques sont réservées à un culte juif catholique et prostestant. Les trois compositions de Léger, artiste mondialement connu aujourd’hui, symbolisent l’hommage rendu par les femmes américaines à leurs héros. Cette crypte, creusée à 8 mètres de profondeur, est par ailleurs exceptionnelle avec sa voûte d’arête constituée de moellons de grès. L’entrepreneur du Mardasson est un enfant du pays, Félicien Calay établi à Lavacherie.

La crypte du Mardasson © FTLB/ A. Segers

4. Bois de la Paix

Nous reprenons la Willys en direction de Bizory.  Arrivés au village, nous tournons à gauche vers Foy en direction du Bois de la Paix (4. carte).

© FTLB/ A. Segers

A l’occasion du 50ème anniversaire de la Bataille des Ardennes, le comité Unicef local est à l’origine d’une initiative qui va ravir les vétérans revenus à Bastogne. Sur la terre où ils ont combattu, ils parraineront un arbre et immortaliseront leur nom gravé sur une plaquette fixée à son pied. Depuis le ciel, tous ces arbres dessineront le symbole de l’Unicef, figure de la tendresse éternelle : une mère et son enfant.

Paul évoque l’histoire de Léo Leblanc dont le nom apparaît sur une borne : « Originaire de Boston et après avoir échappé à la mort par deux fois, à Neff e et Marvie, Léo voudra revenir à Bastogne pour y mourir à 84 ans ». Selon ses voeux, ses cendres seront répandues au Bois de la Paix.
En poursuivant notre chemin, nous passons devant le monument dédié à la Easy Company – 101st US Airborne, division rendue plus célèbre encore depuis Spielberg et sa série télévisée “Band of Brothers” sortie en 2001.

© FTLB/ P. Willems

Toujours visibles, quelques centaines de mètres plus loin, les Fox Holes (trous de renard)
d’une cinquantaine de ces paras placés en défensive dans le Bois Jacques. Ils font face à leurs ennemis protégés eux aussi dans des trous de fusilleurs. Des arbres gardent encore les stigmates des “shrapnells” d’obus.

5. Le cimetière de Recogne

Le cimetière allemand de Recogne est la dernière station (5. carte) de notre périple sur les chemins du souvenir, dans ces lieux marqués par de durs combats. La localité est choisie en 1947 pour accueillir, dans des cimetières, les combattants américains et allemands. Puis les Américains rapatrient les dépouilles d’une partie de leurs soldats et réunirent les autres dans les cimetières d’Henri- Chapelle, de Neuville-en-Condroz et de Ham (Grand-Duché de Luxembourg).
Reposent donc à Recogne aujourd’hui, 6.807 Allemands âgés de 16 à 52 ans. Chaque croix marquant l’emplacement de plus de trois soldats. Une chapelle en grès rose de l’Eifel est remarquable avec ses murs intérieurs dressés en pierres d’ardoise.

© FTLB/ A. Segers

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