Blog « Traces et Mémoire »

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Quand l’Ardenne nous est contée

18
Sep
2018

Par 18 septembre 2018 Catégories Visite guidée Pas de commentaires

Regards d’Ardenne n°20

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Chaussons nos bottines de marche et partons pour un voyage à travers toute l’Ardenne accompagnés des poètes, des romanciers et des personnages du siècle passé et d’aujourd’hui. Ces hommes et ces femmes ont été frappés par ce territoire. Par cette forêt millénaire mystérieuse et protectrice mais aussi par ces villages sévères et rustiques où les rues sinueuses et les chemins de traverse ne facilitent pas le transport des voyageurs. D’ailleurs, l’historien français Jules Michelet ne disait-il pas au XIXème siècle « Les villages ardennais vivent cernés par le peuple tenace des arbres  » ?

© FTLB/ P. Willems Rochehaut – La Semois

Il n’empêche qu’ils sont nombreux à s’être aventurés sur ces terres. Certains en gardent un bon souvenir, d’autres moins … Voici une sélection d’extraits d’auteurs de toutes époques qui ont trouvé l’inspiration en Ardenne.

Le Vénitien Giacomo Casanova (aventurier, diplomate, espion et auteur de « L’histoire de ma vie ») – Bouillon

« Nous fûmes deux jours à traverser les Ardennes (Casanova est accompagné de la Corticelli, une jeune chanteuse originaire de Bologne, et de Madame d’Urfé). C’est un des plus singuliers pays de l’Europe, vaste forêt dont les histoires de l’ancienne chevalerie ont fourni à l’Arioste (poète italien de la Renaissance) de si belles pages au sujet du (cheval) BayardAu milieu de cette immense forêt, où l’on ne trouve pas une ville et qu’il faut cependant traverser pour se rendre d’un pays dans un autre, on ne trouve rien de ce qui est nécessaire aux commodités de la vie (…).

Cependant les Ardennes sont assez peuplées, car on m’a assuré qu’il y a 1200 clochers. Les gens y sont bons, complaisants même et surtout les jeunes filles (…). Dans ce vaste canton traversé en entier par la Meuse se trouve la ville de Bouillon, véritable trou mais de mon temps c’était le plus libre de tous! Le Duc de Bouillon était si jaloux de sa juridiction, qu’il préférait sa prérogative à tous les honneurs dont il aurait pu faire l’objet à la cour de France. »

 

 

L’empereur Napoléon III – Bouillon

L’écrivain Emile Zola nous décrit le bref séjour du vaincu après la bataille de Sedan dans son roman « La Débâcle », publié en 1892.

Emile Zola

« Quelle première nuit d’exil à Bouillon, dans une auberge, l’hôtel de la Poste, entouré d’une telle foule de Français réfugiés et de simples curieux que l’empereur avait cru devoir se montrer, au milieu de murmures et de coups de sifflet ! La chambre, dont les trois fenêtres donnaient sur la place et sur la Semoy, était la banale chambre aux chaises recouvertes de damas rouge, à l’armoire à glace d’acajou et à la cheminée garnie d’une pendule de zinc (…). (Dans un des lits jumeaux), l’empereur dut se retourner longuement sans trouver le sommeil. »

Pour ce 19ème tome de la série les Rougon-Macquart, Zola explora la région bouillonnaise et sollicita ses habitants afin d’en obtenir l’image la plus complète qui soit. L’hébergement mentionné dans l’extrait n’est autre que l’actuel Hôtel de la Poste, surnommé également le Relais de Napoléon III. Construit dans les années 1730, il a accueilli des voyageurs de diligences circulant jusque la Suisse, l’Angleterre ou encore les Pays-Bas. Il est situé au cœur de la ville et à proximité de promenades. Par contre, il est difficile de connaître le numéro de la chambre de l’Empereur. Les propriétaires expliquent que l’établissement a connu de nombreux travaux depuis sa venue !

© FTLB/ P. Willems Hôtel de la Poste

Alphonse de Prémorel (1799 – 1888) – la Semois

Il est le premier écrivain à tracer un itinéraire artistique et littéraire de la Semois, « la reine d’Ardenne ». Propriétaire de l’ancien prieuré de Conques, il est lui-même surnommé « l’enfant de la Semois ». En 1851, son livre intitulé « Un peu de tout à propos de la Semois » mêle à la fois anecdotes historiques, curiosités et poésie.

La Semois coule en beaucoup d’endroits, entre de riches tapis de verdure qu’elle arrose et féconde plusieurs fois dans le cours d’une année. Ses bords se garnissent aussi d’une infinité d’arbres; ce sont les « heureux de la forêt. »

© FTLB/ P. Willems La Semois

Adrien de Prémorel (1889-1968) – la Lesse

Arrière-petit-fils du précédent, Adrien de Prémorel, écrivain, défenseur de la nature et de la province de Luxembourg, s’amuse à confronter les rivières du territoire :

© FTLB/ P. Willems Nassogne

La Lesse imprègne sa vallée d’une douceur à la fois grave et sereine qui lui est propre. Elle n’a pas cette sauvagerie magnifique mais farouche de la Semois, de l’Ourthe. Quand on la domine, c’est dans une échappée largement lumineuse, souvent parmi la blancheur des villages, qu’elle scintille. 

© FTLB/ P. Willems Anloy La Lesse

Marie Adrien Perk (1834-1916)– La Roche-en-Ardenne

Ce pasteur originaire de Delft aux Pays-Bas est le premier à écrire guide touristique sur les Ardennes en néerlandais (1882). Amoureux de la ville de La Roche-en-Ardenne, il a fait connaître ce lieu incontournable au-delà des frontières.

Un monument lui est consacré avenue du Hadja, en voici la citation :

« Laroche est le centre d’un panorama splendide qui se grave ineffaçablement dans la mémoire de celui qui a eu le bonheur de le contempler. Jamais je n’ai quitté, qu’avec un sentiment de vif regret, cet endroit charmant, favorisé par les dons les plus variés de la nature et où il fait si bon se délasser. »

© FTLB/ P. Willems La Roche-en-Ardenne

Le talent artistique étant un trait de famille, son fils Jaques, également poète, séjourna longtemps dans cette ville et y consacra de nombreux poèmes. La jolie Rochoise Mathilde n’y est pas pour rien (voir son œuvre « Ode à Mathilde « ).

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Sources
  • Giacomo Casanova, Mémoires de Jacques Casanova de Seingalt, Volume 9, Bruxelles, J.-P. Meline, libraire-éditeur, 1833.
  • Ghislain Pascale, « La Semois au fil des écrivains d’hier et d’aujourd’hui », in Luxembourg Tourisme, n°183, automne 2011, p. 18-21.
  • Sion Georges (dir.), Regards venus d’ailleurs, Bruxelles, Editions Trois Arches, 1980.

 

 

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