Blog « Traces et Mémoire »

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Les grands feux, une tradition ancestrale de l’Ardenne

25
Fév
2016

Par 25 février 2016 Catégories Traditions et Folklore Pas de commentaires

(Article mis à jour en février 2020)

Chaque année, depuis enfant, je me rends au grand feu de mon village. Ambiance, amusement et déguisements sont toujours au rendez-vous. Mais d’où provient cette coutume ? Pourquoi y brûle-t-on la « macrâle » confectionnée par les habitants ?

Dans le folklore rural wallon, les grands feux restent une pratique bien ancrée dans nos traditions. Ils sont les symboles de purification et du retour de la lumière du printemps. C’est avec une ferveur inchangée que les Wallons se retrouvent chaque année autour du monticule de branches et de sapins en feu. La fête bat son plein jusqu’au bouquet final, l’envolée du bonhomme hiver en fumée, annonciatrice de l’arrivée des beaux jours.

© Alain Evrard

© Alain Evrard

Pour en savoir plus

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Une histoire de saisons

Dans nos régions, les grands feux se déroulent à la fin de l’hiver. Le feu symbolise dans ce cas le passage des ténèbres vers la lumière du jour, de l’enfermement hivernal au retour de la vie active. En effet, les anciens s’impatientaient de la durée des longues soirées d’hiver où chacun vivait au ralenti. La fin des mois sombres est annoncée. À l’origine, ces manifestations avaient lieu le premier dimanche du carême dans presque toutes les localités. Aujourd’hui, les aléas du calendrier fixent les grands feux durant tout le mois de février et de mars.

© Alain Evrard

© Alain Evrard

Certains grands feux, par contre, se raccrochent à d’autres rites saisonniers. On peut notamment citer les feux de la Saint-Jean qui ont lieu le 24 juin au solstice d’été. L’origine remonte au culte païen du soleil. Cette croyance est, par la suite, christianisée et rappelle la naissance de Jean-Baptiste. À Mons, les cortèges traversent la ville jusqu’au bûcher installé sur la Place Nervienne. Les feux de la Saint-Jean sont devenus, grâce aux animations diverses, un véritable festival culturel.

Quant aux feux de la Saint-Martin célébrés le 10 novembre, ils marquent la fin des travaux agricoles avant l’hiver. Lors de cette festivité, la ville de Malmedy est divisée par la rivalité, aujourd’hui fictive, entre les habitants des trois quartiers de la ville ; chacun voulant monter le plus grand bûcher en l’honneur du Saint.

La bûche de Noël qui se consume jusqu’au Nouvel An, est quant à elle, synonyme de la victoire de la lumière sur la nuit. Autrefois, les paysans récoltaient les cendres du feu qu’ils étendaient sur leur champ car elles étaient jugées fertiles pour la terre.

© Alain Evrard

© FTLB/ P. Willems

Brûler le mal avant l’arrivée des beaux jours

Depuis des siècles, le grand feu éveille des rites anciens. Un des plus connus est l’exécution des sorcières (découvrez notre article de blog sur la sorcellerie, ici!) que l’on tient pour responsables des maux des hommes. Encore aujourd’hui, quelques jours avant l’événement, les villageois s’affairent à confectionner une poupée de chiffons, personnification de ces êtres maléfiques, qui sera hissée au sommet de bûcher.

Au cours de festivités où déguisements et cotillons sont maîtres, tout le monde se réunit pour dire au revoir à l’hiver. Chacun espère l’arrivée prochaine des couleurs et des senteurs du printemps.

© Alain Evrard

© Alain Evrard

Voici le témoignage d’Albert Xhignesse sur le déroulement du grand feu de Aisne (Durbuy)

La veille du carême, le mardi gras, on faisait un premier feu sur la place du village avec les quelques fagots, une vingtaine au plus, que les jeunes gens avaient recueillis. Cela s’appelait la « hirèye ». Toute la jeunesse y participait. (…) Les gens s’amusaient, blaguaient et, avec du charbon de bois, essayaient de se maquiller. (…)

Le dimanche du carême, c’était le vrai grand feu. Pendant toute la semaine, la jeunesse circulait dans le village avec une charrette, passant dans toutes les maisons et demandait des fagots. Les jeunes circulaient en criant « Un grand feu pour les amoureux ».

 

L’allumage du grand feu

Dans beaucoup de hameaux, la tradition veut que ce soit les derniers mariés de l’année qui enflamment le brasier. Cela a pour vocation de leur porter bonheur tout au long de l’année à venir. Cette pratique remonte très certainement à un rite associé à la fertilité et au renouveau.

© Alain Evrard

© Alain Evrard

S’il n’y pas eu de mariage récemment, ce sont les nouveaux habitants, le responsable de la jeunesse, le bourgmestre ou encore une personnalité qui ont l’honneur d’allumer le feu. Ensuite, il est convenu de se grimer le visage à l’aide d’un bouchon en liège noirci.

Croyances et superstitions

Les légendes des grands feux remontent à la nuit des temps. L’une d’entre elles explique qu’apercevoir 7 feux en même temps est un présage de bonheur pour l’année à venir. C’est ce qu’organisent, encore aujourd’hui, nos voisins namurois de Bouge.

Une autre coutume consiste à sauter par-dessus le brasier affaibli pour se préserver des maux de ventre.

Pour finir, le grand feu était autrefois placé à un point culminant, et le plus souvent sur un ancien site sacré, pour qu’on puisse le voir le plus loin possible.

© L. Aprosio

© L. Aprosio

Retrouvez l’agenda des grands feux du Luxembourg belge

www.luxembourg-belge.be/fr/outils/carnavals-grands-feux.php

 

Bibliographie

 

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